Le street art c’est du partage. C’est un mouvement de l’artiste vers nous : en exposant son travail sur les murs de la rue, il offre son travail à notre regard, notre jugement, notre appréciation. Sans intermédiaire, sans frontière (financière ou sociale) entre l’art et le public, le street art peut interpeller n’importe qui à n’importe quel moment, susciter un questionnement, amuser, questionner. Gratuit et accessible à tous ; il ne s’agit pas de comprendre ou non mais de le recevoir et de l’interpréter à sa manière. C’est la démocratisation de l’art, et c’est une bonne chose.
Le street art, qu'est ce que c'est ?
Le street art (art urbain en français mais ça claque moins) c’est de la peinture, du dessin, du collage, du pochoir dans la rue. À la différence du graffiti, ou « tags », le street art se veut figuratif (il représente quelque chose). La plupart du temps ce n’est pas autorisé et fait de manière spontanée et subversive. Bien entendu, le but n’est pas de dégrader ou de polluer un environnement, mais plutôt de s’approprier l’espace urbain commun et de rassembler autour de la création.
Quelques artistes
Banksy : on ne le présente plus ! D’ailleurs on ne peut pas le présenter, puisque personne ne connaît son identité. Le street artiste le plus connu du monde est parvenu à rester anonyme. Ses travaux, toujours appuyés par une touche humour noir, portent un regard cynique sur les crises actuelles (la question des migrants à Paris) ou les travers de notre société.
Signature : des pochoirs drôles ou carrément inquiétants, ou des installations monumentales (comme Dismaland, un parc d’attraction qui détourne les codes de Disney, flippant, ou Walled Off, un hôtel avec vue sur le mur de séparation entre l’Israël et la Palestine).
Où le voir ? Le gars est juste imprévisible mais frappe toujours fort.
Jef Aérosol : l’un des plus grands pochoiristes français, et l’un des pionniers du mouvement. Le portrait « chut » de 350m² place Stravinski (près du Centre Pompidou), c’est lui ! Il réalise le plus souvent des portraits de musiciens comme John Lennon, Elvis Presley, Ray Charles ou d’artistes comme Basquiat ou Amàlia Rodrigues, la reine du fado.
Signature : des pochoirs noirs et ombrés de blancs, pas toujours signés mais toujours accompagnés d’une petite flèche rouge, sa marque de fabrique et une manière d’attirer le regard des passants.
Où le voir ? un peu partout dans Paris, sur murs ou des palissades de bois.
C215 : street artiste respecté et engagé, C215 a peint sur les murs du monde entier des portraits de personnalités (Simone Veil, Lassana Bathily devant l’Hypercacher, Jimi Hendrix...), d’anonymes (des enfants libanais immigrés, des SDF de Manchester, des amoureux de Paris...), et des chats ‒son animal-totem.
Signature : ses portraits sont saisissants de vie, grâce à une technique de pochoirs affutée. Sa maîtrise de la découpe et son application de différentes couches de couleurs donnent du relief et du mouvement à ses œuvres.
Où le voir ? Il a beaucoup voyagé, mais si vous passez à Paris, on vous recommande l’immense fresque bleue rue Nationale (13e), l’hommage aux victimes de Charlie Hebdo rue Nicolas Appert (11e) ou encore ses poèmes près du Canal St Martin.
Miss Tic : une des seules femmes à s’être imposée dans le milieu, et ce dès l’émergence du mouvement (dans les années 80 en France). Miss Tic, c’est des portraits de femmes fatales accompagnés de quelques mots de poésie ou d’esprit. On aime son impertinence et son girl power affirmé.
Signature : des pochoirs noirs de figures de femmes, déclinées autour de sa propre image (brune, fougueuse et un brin effrontée), souvent réhaussés par une couleur puissante.
Où la trouver ? Surtout sur les murs de Paris, mais aussi à Arles ou à Miami. La plupart sont dans le 13e où se trouve son atelier, et la galerie Lelia Mordoch (6e) qui la représente l’expose très régulièrement.
Où voir du street art ?
Pardonnez ce parisianisme, mais Paris reste une des capitales du street art. C’est en arrivant à Paris que Raph & Anna ont découvert tous ces artistes et la richesse de ce mouvement artistique. Les rues de Paris ont énormément à offrir et à raconter, on ne vous recommandera jamais assez de vous balader et de lever les yeux. Les meilleurs quartiers de Paris pour voir du street art ? la Butte-aux-Cailles (13e), le Canal St Martin (10e), Ménilmontant (20e), Ivry-sur-Seine... De nombreux street art tour sont proposés dans ces quartiers !
Mais le street art dépasse aussi les frontières ! On vous avait parlé de l’invasion des invaders dans le monde entier (3678 à l’heure où nous écrivons) dans un précédent article ; c’est un plaisir de les chercher dans les différentes villes que nous découvrons.
Sinon, vous avez de plus en plus de galeries qui se spécialisent dans le street art. Et les galeries c’est gratuit alors on en profite ! Voici notre sélection des meilleures galeries de Paris qui exposent des street artistes :
Artistik Rezo, 14 rue Alexandre Dumas, 11e. Une toute petite galerie que l’on affectionne tout particulièrement. Elle donne carte blanche aux artistes qu’elle expose (de C215 à Madame, en passant par Erell et MonkeyBird), ce qui la transforme à chaque nouvelle expo. N’hésitez pas à faire un tour à leurs soirées vernissages ouvertes à tous (et dites que vous venez de notre part) !
Itinerrance, 24 Boulevard du Général d'Armée Jean Simon, 13e. Une référence dans le domaine. Cette grande galerie en bordure du périphérique représente des géants du street art comme Obey (Shepard Fairey, qui a réalisé l’affiche « Hope » de la campagne Obama) ou encore le chilien INTI.
Lavo//matik, 20 Boulevard du Général d'Armée Jean Simon, 13e. Un espace associatif dédié à l’art urbain. Vous y trouverez des œuvres originales de Jef Aérosol ou Jérôme Mesnager sur les murs, des livres spécialisés, des sérigraphies et autres petites curiosités à vendre.
Art 42, 96 boulevard Bessières, 17e. Le premier musée du street art en France ! Sauf que ce n’est pas vraiment un musée. L’impressionnante collection (plus de 150 œuvres) de Nicolas Laugero Lasserre est exposée à l’école de code informatique 42, fondée en 2013 par l’entrepreneur et homme d’affaires Xavier Niel. La rencontre entre deux mondes ! Visites guidées par des étudiants volontaires d’écoles d’art ou de l’école 42 (oui, oui) les mardis soirs et premier dimanche de chaque mois, GRATUIT sur réservation.
Le top 3 de Raph & Anna
Okuda : street artiste espagnol, Okuda peint et sculpte des figures humaines et animales multicolores et en reliefs géométriques. Des inspirations mystiques, culturelles et religieuses, des couleurs pop et des oeuvre pleines de vie, on adore !
Seth Globepainter : comme son nom l'indique, Seth est un grand voyageur. Il laisse dans chacun des endroits qu'il a visités des fresques aux enfants aux visages cachés s'envolant vers des ailleurs rêvés, mais toujours empreints de leurs environnement.
Madame : une des rares femmes a s'imposer dans ce milieu ! Madame allie collages, dessins, écriture et compositions dans des fresques rétro-romantiques. De la poésie de rue !