Côté français : « 120 battements par minute » de Robin Campillo
C’est la claque ciné de cette année. Un film coup de cœur, coup de poing, de ceux qui marquent durablement. Inattendu et paré d’un casting de néophytes (le visage familier d’Adèle Haenel est logé à la même enseigne que ceux, rafraîchissants, des autres talentueux comédiens), le film a fait sensation au dernier Festival de Cannes en décrochant le Grand Prix. Il raconte le combat d’Act Up, association de lutte pour la reconnaissance du SIDA et contre l’épidémie en France dans les années 90. Les interventions radicales et parfois violentes des militants sont contrastées par de très pertinentes scènes de discussions et par des images d’archives, à la limite du documentaire. Le tout est entrecoupé de moments de pure poésie, comme ces moments d’abandon total à l’amour ou à la danse où seuls comptent la musique et ses 120 battements par minute.
Côté US : « Moonlight » de Barry Jenkins
Si vous ne l’avez pas vu (il est plus que temps de vous rattraper), vous en avez forcément entendu parler. « L’Oscar gate » de février dernier qui est venu secouer la si bien orchestrée cérémonie à l’américaine. C’est donc bien « Moonlight », première réalisation de Barry Jenkins qui a été sacré meilleur film de 2017 et non le joyeux « La La Land » dont il est la parfaite antithèse. Ce drame au casting 100% black raconte la vie de Chiron, jeune noir homosexuel évoluant parmi les trafics de crack et la violence de Miami dans les années 90. À travers trois périodes de sa vie (et trois performances saisissantes), le scénario et la réalisation épousent avec une mélancolie bleutée la sensibilité et l’homosexualité refoulées par le jeune homme. Tout, dans ce grand film, méritait l’Oscar. Même l’affiche.
Côté documentaire : « À voix haute » de Ladl Ly et Stéphane de Freitas
Diffusé sur France 2 en 2016, ce documentaire sur le concours Eloquencia a été adapté pour le cinéma en mars 2017. Il suit le déroulement du concours d’éloquence de l’université de Seine-Saint-Denis (93) à travers les portraits croisés de certains candidats. Entre histoires personnelles, travaux de groupe et épreuves éliminatoires dignes des plus grandes oraisons, « À voix haute » est un véritable hommage à notre belle langue française et une belle leçon de courage : celui d’être soi et d’oser le dire. À voir et à écouter absolument !
Côté série : « Big Little Lies »
Adaptée du roman écrit par Liane Moriarty en 2014, « Big Little Lies » est la mini-série événement HBO. Certains pourront "juste" la voir comme une série féministe ; d'autres, comme une histoire à plusieurs niveaux dénonçant des réalités bien trop souvent cachées. En sept épisodes, des sujets liés aux violences faites aux femmes sont mis en évidence dans toute leur complexité à travers la caméra avisée de Jean-Marc Vallée. A l'origine du projet : Nicole Kidman et Reese Witherspoon, deux des héroïnes de la série.
Trois femmes se lient d'amitié par l'intermédiaire de leurs enfants et se confient sur leurs problèmes personnels. Ces trois amies nous font découvrir les secrets de la classe huppée hollywoodienne bien cachés dans le confort de leurs villas avec vue sur mer. En s'attaquant à des thématiques aussi poignantes que les violences conjugales, le viol ou encore la libération de la parole des femmes, « Big Little Lies » démontre avec justesse que la vérité n'est pas toujours aussi belle que l'apparence que l'on cultive mais qu'il est nécessaire de les montrer et de les affronter.