Écoutez cette voix. Ce timbre grave, cette rugosité, cette maturité. Ouvrez les yeux à présent, et découvrez le visage d’Archy Marshall, alias King Krule. Ce n’est pas ce à quoi vous vous attendiez ? Une voix surgie d’outre-tombe dans le corps d’un petit rouquin de 23 ans.
It’s "about earwax and snot and bodily fluids and skin and stuff that just comes out of you on a day to day basis".
« The Ooz » (=ce qui coule, ce qui colle, la morve, la bave, les sécrétions, miam miam), sorti en octobre dernier, est déjà le second album studio de ce petit surdoué britannique. Anna souffrant d’une légère obsession pour Archy, est allée le voir en concert hier soir... Sur scène, il semble envoûté. Ses gestes répondent à sa voix qu’il arrache du fond de son corps, comme on cracherait sa bile qui donne si bien son nom à l'album.
Il y a quelque chose d’ancestral dans sa manière de chanter ‒ou plutôt de dégueuler‒ les mots. Comme si King Krule avait déjà vécu plusieurs vies, à différentes époques, et que les épreuves et les abysses du temps et de la vie avaient façonné ce timbre si particulier. De « Czech One », ballade trip-hop douce et planante à « A Lizard State » et son rif jazzy, ce génie roux à la voix grave montre déjà l’étendue de son talent.